Quelle relation !
Voici le début d’une nouvelle série d’articles bibliques qui porteront en 2009 sur l’épître de Paul aux Philippiens.
Introduction à cette épître dans laquelle une relation particulière transparaît entre l’apôtre et les premiers chrétiens sur sol européen…
Certaines relations vous font du bien. Paul devait avoir une telle relation avec Jésus-Christ, et avec les membres de l’Église de Philippes. Il en parle dans son épître aux Philippiens. Il est en prison, probablement en 62 après J.-C. à Rome. Il attend le verdict, la mort ou la liberté.
Il est surprenant de voir combien, malgré tout, il parle de joie. Peut-être un peu comme Marc Twain : « Avec le chagrin on peut se débrouiller tout seul, mais pour se réjouir de tout cœur, il faut pouvoir partager la joie. » Les Philippiens aussi partageaient avec Paul. C’est d’eux seulement qu’il a accepté de l’argent pour pouvoir vivre. Paul a une relation toute particulière avec eux.
LA PREMIÈRE ÉGLISE EUROPÉENNE
A Philippes, il a réalisé son rêve : sur le continent européen, des hommes attendaient de connaître Jésus-Christ et la Bonne Nouvelle. C’est ainsi qu’en 49 après J.-C., lors de son deuxième voyage missionnaire avec Silas, Timothée et Luc, il a fondé une Église dans le Nord de la Grèce. Philippes est une grande ville multiculturelle, la nouvelle patrie d’anciens légionnaires venant de tout l’empire romain, sur la route entre Rome et l’Asie Mineure. Un mélange coloré de dieux et de cultes marquait la vie religieuse. Mais une ville comme Philippes devait veiller à ce que parmi toutes ces offres, l’honneur suprême revienne aux autorités romaines. C’est pour cela que la réalisation de son rêve a coûté cher à Paul. Avec son équipe, il a rencontré des gens très ouverts comme Lydie ou le geôlier romain. Il a aussi été calomnié, fouetté, mis en prison et délivré de manière miraculeuse (Ac 16).
QUELLE APPROBATION DE DIEU ?
A l’heure où Paul écrit, l’Église de Philippes rencontre des difficultés à cause des faux enseignants judaïsants. Des fidèles de la Torah veulent imposer à des chrétiens d’origine païenne les règles et les rites, permettant de vivre sa foi « correctement ». Paul refuse cela et devient vraiment sarcastique et agressif. Les œuvres de piété ne nous aident pas, mais plutôt la bonté et l’amitié de Dieu révélées en Christ (3,1-3).
Connaissons-nous la tentation de chercher l’approbation de Dieu et des hommes à travers notre savoir et nos actions ?
COLLABORATION
Paul est sous résidence surveillée. Cela lui permet de recevoir des visiteurs et de tenir sa correspondance. Il reste en contact étroit avec ses collaborateurs. Il y a là Timothée, totalement engagé. C’est lui que Paul apprécie le plus, et c’est lui qui l’a accompagné le plus longtemps. Littéralement, il le décrit comme « ayant la même âme ». Les deux hommes se comprennent bien sur le plan humain, théologique et pastoral. Il annonce sa venue à l’Église, car il est prêt dès que possible à renoncer à son meilleur collaborateur pour que Timothée puisse aider les Philippiens dans leurs discussions (2,19-24).
Comment fonctionne le travail d’équipe dans notre Église ? De manière presque idéale comme Paul et Timothée ? Si oui, réjouissons-nous et soyons reconnaissants ! Mais ce n’est pas toujours le cas. Nous gagnons beaucoup en apprenant à nous entendre, à nous voir comme complémentaires. Quand et comment pouvons-nous libérer des forces existantes et les mettre au service des autres et du royaume de Dieu ?
QUAND ÇA NE MARCHE PAS…
À l’époque, la famille devait subvenir aux besoins du prisonnier. Il est normal que Paul se réjouisse du soutien financier transmis par Epaphrodite de la part des Philippiens. Epaphrodite aurait dû faire encore plus pour Paul, mais cela n’a pas bien marché. Le ministère qu’on lui demande l’épuise. D’abord le mal du pays, puis la maladie. Il est devenu un boulet plus qu’une aide. Paul craint que les Philippiens ne le traitent de raté. Pourtant, il le décrit comme « un frère, un collaborateur, un combattant et un secours dans la détresse ». Qu’ils se réjouissent de tout ce qu’il a pu faire et être malgré tout, qu’ils l’accueillent avec respect (2,25-29) !
Quelles sont nos relations avec les personnes qui n’arrivent pas à atteindre leurs objectifs ou qui pour toutes sortes de raisons ne répondent pas à nos attentes ?
Comment pouvons-nous, comme Paul, nous protéger les uns les autres tout en restant sincères ; ne pas trop exiger, mais prendre au sérieux les dons et les limites ; voir avec reconnaissance ce qui a été possible et permettre à la personne de retrouver sa place ?
LA FORCE DU CHRIST REND LIBRE
L’intérêt des Philippiens à l’égard de Paul l’incite à un témoignage dans lequel on perçoit toute sa liberté et sa vigueur. Sa dépendance à l’égard de Jésus-Christ lui a appris l’autonomie. Les bons et les mauvais jours, le mépris ou l’estime, la pauvreté ou la richesse, l’abondance ou la disette. Paul connaît tout cela et confesse « Je puis tout par celui qui me fortifie ». Ce qui est important n’est pas « je puis tout », mais « par celui qui me fortifie ». Sa foi profonde s’enracine dans cette force. Cette force l’environne et lui donne la capacité de pouvoir se réjouir en toutes situations. Et cette force lui donne la liberté d’être indépendant des circonstances, de détourner son regard de lui-même et d’aller vers les autres afin être disponible pour eux (4,10-19).
Expérimenter en toutes circonstances la vigueur, la joie de vivre et la qualité de vie est un défi et un cadeau. Quelles expériences, quelles circonstances sont difficiles à vivre pour moi ? Comment trouver la force et la joie dans ma vie ?
« Je puis tout par celui qui me fortifie ». Je veux vivre ma journée dans cette assurance.
À SUIVRE…
Chaque mois de l’année 2009, un article de cette rubrique portera sur l’épître aux Philippiens. Ce choix s’est fait en rapport avec le thème du Rassemblement mennonite mondial au Paraguay en août 2009 qui porte sur Philippiens 2 « Marchons ensemble sur le chemin de Jésus-Christ. »
Pour tenir compte de la dimension mondiale de l’Église, les auteurs de ces articles proviennent des différents continents.