Réconciliation entre Luthériens et Mennonites. En Alsace aussi !

 Dans Christ Seul, Connecter

Le dimanche matin 4 novembre 2012, en l’église Saint-Thomas à Strasbourg, une centaine de personnes ont célébré le deuxième anniversaire de la réconciliation entre luthériens et mennonites au niveau mondial, après des siècles de différends.

Côte à côte, Larry Miller, ancien secrétaire général de la Conférence Mennonite Mondiale et Jean-François Collange, président de l’Union des Eglises protestantes d’Alsace et de Lorraine, ont évoqué l’événement de Stuttgart en juillet 2010, cérémonie officielle de réconciliation entre luthériens et mennonites au plan mondial. Tous deux ont reconnu que cette étape avait ouvert des possibilités nouvelles dans les relations entre les deux confessions et ont prié Dieu de « donner maintenant le courage de marcher dans les chemins nouveaux, pour que nous puissions porter témoignage à la puissance du pardon ».
« Sommes-nous dignes de ce pardon ? », s’est interrogé Larry Miller en évoquant Georges Blaurock qui, avant de mourir en martyr, a demandé pardon pour ses bourreaux.
En signe de réconciliation, Larry Miller a remis à Jean-François Collange un baquet en bois avec un linge servant au lavement des pieds pratiqué dans les communautés amish de Pennsylvanie.

[c][b]DEUX PASCAL POUR UNE PREDICATION[/c][/b]La prédication, apportée à deux voix par Pascal Hetzel, inspecteur ecclésiastique du Consistoire de Dorlisheim et Pascal Keller, pasteur de l’Eglise mennonite de Strasbourg-Illkirch, a invité « à aller au-delà de la diversité des convictions religieuses ou autres, à accueillir chaque humain comme un frère, une sœur en humanité… La foi chrétienne oblige à l’ouverture et à l’accueil inconditionnel de l’autre, elle est rejet de toute discrimination, refus du mépris et de la domination sur l’autre. L’amour de Dieu… m’envoie vers les autres dans une liberté nouvelle, il m’apprend à les accueillir et les aimer… » selon les mots de Pascal Keller.
Pascal Hetzel a affirmé : « Aucun groupe ne peut prétendre rassembler tous ceux qui appartiennent au Christ… Malgré nos différences qui subsistent, ensemble nous sommes justifiés, acceptés, aimés par Dieu… Lorsque l’Église n’est pas une Église de justice, de paix et d’amour, elle devient une maison vide…
Exprimons par nos attitudes et nos engagements, que nous sommes des êtres mis debout par le Christ, qui s’engagent pour la justice en refusant toutes les exclusions et en combattant la violence sous toutes ses formes.
Et j’en suis convaincu, à force de nous accueillir les uns les autres, nous sentirons qu’il se passe quelque chose dans notre vie et dans le monde : comme ‘‘une discrète pulsation du cœur même de Dieu’’ ».

[c][b]LOCAL, REGIONAL, NATIONAL[/c][/b]Ce dimanche marquait aussi la conclusion de « Protes’temps forts », une quinzaine organisée par l’Union des Eglises protestantes d’Alsace et de Lorraine où animations, spectacles, célébrations, concerts, expositions, rencontres diverses étaient placés sous le thème « Convictions et tolérance » : une invitation à la richesse du partage, au refus de l’intolérance et de la crainte de l’autre.
L’invitation à ce culte adressée aux Eglises mennonites disait : « Ce culte n’est pas une affaire strasbourgeoise, mais concerne l’Union des Eglises protestantes d’Alsace et de Lorraine et l’Association des Eglises Evangéliques Mennonites de France (AEEMF) dans leur globalité. C’est pourquoi nous souhaitons que chaque Eglise de l’AEEMF puisse envoyer un délégué pour participer à ce culte. »

[c][b]HISTOIRE DES CONTACTS ENTRE LUTHERIENS ET MENNONITES[/c][/b]Dans un bref rappel historique, André Birmelé a évoqué le chemin parcouru dans l’histoire des relations entre luthériens et mennonites depuis près de 40 ans.
Au début des années 1980 déjà, une prise de conscience de part et d’autre avait initié une série d’entretiens entre luthériens et mennonites sur les « condamnations de la Confession d’Augsbourg » de 1530. Luthériens de l’Eglise de la Confession d’Augsbourg d’Alsace et de Lorraine et mennonites français s’étaient rencontrés à Strasbourg ; un Cahier de Christ Seul intitulé « Les entretiens luthéro-mennonites (1981-1984) » avait donné les conclusions de ces dialogues et ouvert des perspectives pastorales pour les relations entre les deux confessions.
Plus tard, la Conférence Mennonite Mondiale a repris le dossier et entrepris un dialogue avec la Fédération Luthérienne Mondiale, pendant quatre ans (2005-2008). Ces conversations ont permis de mettre à jour les zones d’ombre, d’éclairer le passé du 16e siècle pour mieux le comprendre et articuler une réflexion pour aujourd’hui.
En juillet 2010 à Stuttgart, les délégués de la Fédération Luthérienne Mondiale ont demandé officiellement à la communauté des Eglises de la Conférence Mennonite Mondiale de pardonner aux luthériens la persécution des anabaptistes au 16e siècle et les représentations déformées des anabaptistes depuis lors. Les mennonites eux ont reconnu avoir développé une identité fondée sur la victimisation pouvant conduire à de l’auto-satisfaction et à de l’arrogance.
Suite à cela, des événements similaires ont eu lieu aux niveaux local et régional dans différents pays du monde.

[c][b]ET L’AVENIR ?[/c][/b]Quel sera l’écho donné à cette célébration ? Espérons qu’après la prise de conscience de l’enjeu de cette réconciliation, elle ne tombe pas dans l’oubli ni dans l’indifférence, mais qu’elle ouvre la voie à des actions communes et à des collaborations fertiles.

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