La prière de Daniel
Au 9e chapitre du livre de Daniel se trouve une prière… étonnante.
Elle est prononcée par un homme seul, séparé de ses frères et soeurs dans la foi – comme nous avons pu l’être pendant les confinements, comme beaucoup de chrétiens âgés, malades ou persécutés le sont encore. Daniel vit en exil à Babylone depuis de nombreuses années et pourtant, d’un bout à l’autre de sa prière, il emploie le « nous » lorsqu’il s’adresse à Dieu : il prie pour, au nom de, avec son peuple, Israël. Ce qui le relie à ce peuple, par delà la distance, le temps qui passe, le fossé culturel grandissant, c’est une foi commune dans le Dieu de leurs ancêtres, une espérance dans l’accomplissement de sa Parole.
Cette conscience d’appartenir à un peuple mis à part, cette communion vécue même à distance, a été déterminante dans la vie de Daniel, c’est elle qui a soutenu sa persévérance à travers les années et les épreuves. Un autre élément surprenant est qu’il s’agit d’une prière de repentance. Daniel s’identifie à Israël au point d’endosser sa culpabilité ! Lui, l’homme intègre, lui qui pourrait bien plutôt se prévaloir d’un statut de victime, s’humilie avec son peuple devant Dieu. Alors qu’il croit que la promesse du retour à Jérusalem et du rétablissement d’Israël en tant que nation est sur le point d’être accomplie, Daniel choisit l’humilité et la repentance. Parce qu’il a compris qu’avant d’être territoriale et politique, la restauration d’Israël devait être morale et spirituelle.
Le décalage est immense avec la conception individualiste de la foi qui caractérise notre christianisme occidental. Il est vrai que Jésus nous appelle individuellement et qu’il veut nouer une relation personnelle avec chacun de nous. Mais la foi chrétienne comporte aussi une dimension collective forte : nous sommes membres de l’Église. Cette appartenance se manifeste par notre rassemblement le dimanche pour le culte. Mais elle demeure et continue de nous porter lorsque nous sommes dispersés.
Que l’exemple de Daniel puisse inspirer notre vie « de semaine » et notre prière – pour, au nom de, et avec le peuple auquel nous appartenons : l’Église du Christ.
