À la recherche de la pièce perdue

Les paraboles de Luc 15.4-19 sont si connues qu’elles se trouvent même dans les bibles pour enfants. Quel membre de nos Églises serait dans l’impossibilité de conter par cœur l’histoire de la brebis perdue et celle du fils prodigue ? De grands classiques ! Pourtant, une troisième parabole, qui passe souvent inaperçue, est coincée entre ces deux monuments : on l’appelle la « parabole de la drachme perdue » (Luc 15.8-10).

ÉCOUTEZ ENCORE…

Jésus raconte qu’une femme possède dix pièces d’argent et qu’elle en égare une. Alors, elle allume sa lampe, balaie la maison et cherche avec soin jusqu’à ce qu’elle la retrouve. Quand elle la récupère, elle ameute ses amies et ses voisines et leur dit : « Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé la pièce d’argent que j’avais perdue ! » Comme la brebis dans la première parabole et le fils de la troisième, la pièce est, elle aussi, retrouvée. C’est un sujet de grande joie ! La parabole se termine en soulignant que, de la même manière, il y a beaucoup de joie parmi les anges de Dieu pour un seul pécheur qui change de direction (métanoia).

PERDUE DANS LA POUSSIÈRE

Crédit : James Jacques Joseph Tissot, The Lost Drachma, Brooklin Museum

Les paraboles ont souvent l’air d’histoires plaisantes et inoffensives, mais, comme le soulignait Wodehouse, elles gardent « sous la manche quelque chose qui jaillit soudain et vous assomme ». La scène est banale : une maison sombre avec peu de fenêtres, telles qu’on les trouvait à l’époque, et une ménagère qui cherche quelque chose dans un coin sombre. La pièce d’argent qu’elle a perdue représente l’équivalent de deux journées de son salaire – à peu près le salaire journalier d’un homme. L’histoire souligne que ce sou est si précieux que la femme explore les coins poussiéreux et les toiles d’araignées en espérant voir quelque chose briller dans l’ombre.

Cette image de Dieu au féminin peut surprendre : Dieu, penchée sur un balai ou à quatre pattes dans un coin sombre de la maison. Si le berger, le fils et le père sont au masculin, le féminin l’emporte pour tous les éléments de la parabole : la pièce d’argent, la femme, et les amies avec qui elle partage sa joie lorsqu’elle l’a enfin retrouvée. Dieu est décrit comme une femme qui habite le quotidien sans prétention d’une ménagère qui gère, perd et retrouve une de ses précieuses pièces. À ce stade, les scribes et les pharisiens devaient déjà froncer les sourcils !

RÉJOUISSEZ-VOUS AVEC MOI !

La situation est préoccupante : la pièce est réellement perdue. Si la brebis et le fils se sont égarés parce qu’ils n’en ont fait qu’à leur tête, ce n’est pas le cas de la pièce inerte. Elle s’est perdue par le hasard des circonstances et son salut dépend de la seule action de la femme. Elle ne peut même pas faire semblant de se mettre sur le chemin du retour. La pièce est au moins aussi perdue que les scribes et les pharisiens ; perdue comme nous pouvons l’être parfois.

Pourtant, la femme avait des projets avec cette pièce et elle ne peut les réaliser sans elle ! Elle se met hâtivement à sa recherche. Pour de vrai ! Elle retourne la maison en y consacrant de l’énergie et du temps. Elle est même prête à utiliser l’huile de sa lampe. La femme emploie tout ce qu’elle a pour retrouver sa précieuse pièce. Quelle joie, quand elle remet la main dessus ! Quelle joie dans le ciel lorsque la pièce, les scribes, les pharisiens et nous-mêmes redevenons proches de Dieu et que nous retrouvons notre capacité à participer à ses plans ! Tous en entendront parler et ce sera la fête parmi les anges !

« Écoutez encore : Une femme a dix pièces d’argent et elle en perd une. Bien sûr, elle va allumer une lampe et balayer la maison. Elle cherche la pièce avec soin, jusqu’à ce qu’elle la trouve. Quand elle l’a trouvée, elle appelle ses amies et ses voisines et leur dit : “Venez, réjouissez-vous avec moi ! Oui, j’ai retrouvé la pièce d’argent que j’avais perdue ! ” Je vous le dis, c’est la même chose : quand un seul pécheur change sa vie, il y a de la joie parmi les anges de Dieu ! » Luc 15.8-10